10/11/2011

Editorial du Spantole

Les Artistes de Thudinie, un soutien de la première heure, ont consacré l'éditorial de leur revue "Le Spantole" du quatrième trimestre de 2011 à la chapelle des Sœurs grises. Nous vous en souhaitons une délicieuse lecture...

"On se demande parfois ce que peuvent bien dire, ce que peuvent bien faire des artistes lorsqu’ils se croisent, ou lorsqu’ils se réunissent en assemblée; lors de ces assemblées, notamment, qui passent aisément pour des réunions où le secret est la règle, où se prennent des décisions qui n’ont pas à être justifiées, où les considérations les plus éthérées sur l’art et la beauté s’enchaînent avec l’examen sourcilleux de la trésorerie du trimestre… Et quand ces artistes se rencontrent de manière inopinée? C’est à ces moments-là que se forge leur légende : rieurs, farceurs, grands buveurs, se coupant la parole à coups d’anecdotes, de jeux de mots, de citations savantes, ou griffonnant, sur un bout de table, la phrase qui croient-ils révolutionnera la pensée ou la poésie, traçant les grands traits d’une peinture qui fera taire toutes les critiques, ou amusera la galerie.

Il y a un peu de tout cela, c’est vrai, et à des degrés divers; que ceux qui ont des souvenirs de ces discussions, de ces fêtes improvisées, les fassent revivre et nous les transmettent! Mais cela, c’était pour hier, ce sera pour demain. Aujourd’hui, il n’y a plus guère entre eux qu’un sujet de conversation : la sauvegarde de la chapelle des Sœurs grises, Grand’rue, à Thuin.

Car ce n’est pas seulement un bâtiment historique qui se délite. C’est aussi l’espoir que la ville puisse enfin disposer d’un espace qui lui a cruellement fait défaut jusqu’ici : deux salles d’exposition, l’une, muséale, pour les collections du Centre d’histoire et d’art de la Thudinie, l’autre ouverte aux expositions temporaires… Combien de fois n’avons-nous pas regretté, au sein des Artistes de Thudinie, de ne pouvoir accueillir, chez nous, les travaux de cercles et d’associations avec lesquelles nous avons noué des liens étroits ? Combien d’invitations à exposer n’avons-nous été obligés de décliner, en Wallonie, en France, notamment, parce que la place manquait pour recevoir, à notre tour, ces cercles amis, et exposer leurs œuvres ?

Il y a bien là une carence que la Ville de Thuin, qui a pour l’instant réussi une grande part des objectifs touristiques et culturels qu’elle s’était fixés, doit absolument combler.

Bien sûr, le défi est de taille. Les enjeux énormes. Mais, à voir la mobilisation des habitants, des groupes, l’intensité de la campagne en faveur de la préservation de cette chapelle, les implications bénévoles, la réflexion en profondeur sur sa future destination, l’éventail des solutions proposées, les pistes de concrétisation, on peut déjà affirmer que la première étape du processus de sauvegarde a été brillamment franchie. Et nous nous réjouissons sans réserve des premières mesures de protection qui viennent d’être prises par l’administration.

Car c’est d’abord de cela qu’il s’agit : sauver de la destruction un bâtiment classé, un édifice marquant dans le paysage thudinien. Tant mieux si sa réhabilitation se fait au profit de la vie culturelle de la ville et de la région, et débouche enfin sur la création d’un Musée d’histoire de la Thudinie… Mais, au-delà de ce rêve, tout projet qui permettra de conserver son caractère à la chapelle sera accueilli avec soulagement. Il va de soi que nous relaierons toute initiative qui ira dans ce sens, notamment en participant ou en organisant les manifestations destinées à alimenter toute forme de dons."

Les Artistes de Thudinie