05/09/2011

A propos de la Chapelle des Sœurs grises

Les Sœurs grises, religieuses du Tiers-Ordre de Saint-François, étaient à Thuin, dès la fin du XVe siècle. [...]

Le couvent fut, en grande partie, dévoré par les flammes en 1732, pendant la procession du Saint-Sacrement, et le 28 août 1745. Le désastre put se réparer grâce à la générosité de dom Théodulphe Barnabé, abbé bénédictin de Lobbes, mort le 14 décembre 1752, qui avait une nièce parmi les religieuses. C’est la raison de la pose des armoiries de ce prélat […] au-dessus de la porte latérale de la chapelle.

La chapelle, dédiée à sainte Elisabeth de Hongrie, est bâtie en briques avec, pour les murs de la nef et du chevet, un soubassement de moellons réutilisés de l’ancien édifice. […] Les fenêtres courbes, aux lignes simples et calmes, encadrées de pierre de taille, éclairent la nef d’un seul côté et s’ouvrent en symétrie dans le chœur.

Le pignon, posé à la limite de la rue étroite, est peu visible de près. Cette face, maintenant aveugle, d’un style hybride et de transition, a été conçue en deux registres. D’inspiration néo-classique, deux pilastres, engagés et jumelés, délimitent la hauteur du registre inférieur. Ces pilastres, sans chapiteau, reposent sur un haut piédestal. Au-dessus de leur large entablement, au registre supérieur, un fronton semi-circulaire se souvient du baroque. Des volutes d’angle descendent en cascade et s’amortissent sur des consoles renversées et fleuries, s’enroulant à rebours.

La mince tourelle à cloche, une charpente au profil distingué, en tête de l’édifice, sort du toit, couverte d’ardoises. […]

A l’intérieur, la chapelle s’habille en style néo-classique d’un académisme empreint d’élégance recherchée et d’équilibre étudié. […]

Le frêle et élégant clocheton de la chapelle a conservé, malgré les guerres, sa petite cloche ancienne. L'accès est périlleux : l’inscription n’avait jamais été relevée. Un couvreur, réparant la toiture d’ardoises, en 1968, a, enfin, pris note du texte […] :

MARIE SUIS NOME PAR ANTHONNETTE BONY.
IE SUIS AU RELIGIEUSE DE THUIN - 1716.

Sont ainsi connus : le nom de la marraine et sans doute aussi donatrice de la cloche, la déclaration de propriété aux Sœurs grises de Thuin et la date de la fonte.

Texte extrait de Léonce Deltenre, 1968, Les Monuments religieux de Thuin et leur mobilier, pp.187-195