02/09/2011

Appel au Collège communal

Dès le début du chantier de démolition partielle (notamment, toiture, fronton, clocheton, sommet des murs) de la Chapelle des Soeurs grises, nous avons tenu à alerter les autorités communales et à leur proposer des pistes alternatives pour donner une nouvelle vie à cet édifice remarquable. En voici le texte intégral:

Thuin, le 30 août 2011

Mesdames et Messieurs les membres du Collège communal,

Concerne : appel à la sauvegarde et à la rénovation rapide de la Chapelle des Sœurs grises

En guise de préambule, il est indispensable de cadrer cette intervention. Seul l’intérêt général de la Thudinie guide notre démarche. Celle-ci ne se veut pas en opposition mais est résolument positive et constructive.

Ayant appris par voie de presse l’imminente démolition partielle de la Chapelle des Sœurs grises, il nous semble de notre devoir de réagir.

Craignant de voir disparaître cet édifice, nous sollicitons votre réflexion, sachant que le démontage d’éléments sans dossier concret de réhabilitation conduit le plus souvent à la disparition de ceux-ci.

Sans nier le point de vue de la sécurité publique et des occupants mitoyens ou l’aggravation des dégradations par les effets du temps, il nous paraît que les techniques actuelles de stabilisation par épinglage ou autres sont largement préférables à un démontage prématuré et irréversible de parties stables.

Même si elles ne résolvent pas le problème, ces techniques, pour autant que ce soit nécessaire, permettent d’avoir toutes les garanties en matière de sécurité publique sans en alourdir les budgets de restauration future. Tels qu’ils seraient nécessaires en cas de reconstruction à l’identique.

Il nous semble donc impératif de ne pas hypothéquer les chances de réhabilitation de ce site par des démolitions prématurées mais de s’orienter vers des mesures de sécurisation douce limitées dans le temps et de mettre l’accent sur des pistes qui permettent enfin d’aborder l’avenir et une reconversion du site.

En mai 2011, dans le cadre du plan Marshall 2.vert, Monsieur le Ministre Henry a sollicité les communes wallonnes afin que celles-ci lui communiquent les friches qu’elles aimeraient voir réhabiliter. Il nous revient que les autorités locales de Thuin ont décidé de lui soumettre trois dossiers :
• la salle du centre culturel (place de Thuillies – Thuillies),
• les sites de l’ancien futur internat de l’Athénée (drève des Alliés – Thuin),
• la Chapelle des Sœurs grises (Grand’Rue – Thuin).

Pour rappel et pour faire simple, si l’un de ces sites est retenu par le Ministre de l’Aménagement du territoire, la totalité du coût de la rénovation de l’enveloppe extérieure (châssis, toiture, murs, etc) du bâtiment sera prise en charge par les budgets régionaux (cf. sites à réaménager - SAR, art. 167-171 & 453-455 du C.W.A.T.U.P.E.).

Considérant l’ampleur des travaux nécessaires pour la rénovation de la Chapelle des Sœurs grises et l’attractivité de la politique des sites à réaménager ainsi que le caractère urgent des interventions physiques à apporter à ce patrimoine remarquable, nous souhaitons que l’ensemble des femmes et hommes politiques thudiniens, en fonction des leviers de pouvoirs et des relais dont ils disposent, fassent de la reconnaissance comme friche (S.A.R.) de cette chapelle par le Ministre compétent la priorité n°1 de leur action.

Cette exigence nous apparaît comme légitime pour de multiples raisons :
• l’urgence. Malgré les travaux de « protection » actuellement en cours, si la rénovation ne vient pas très rapidement, les effets du temps auront pour conséquence que, dans quelques années, la démolition totale du site deviendra inéluctable. En effet, les premiers travaux de sauvegarde qui n’ont pas été suivis d’autres interventions n’ont pas empêché le bâtiment de continuer à se dégrader;
• la haute valeur patrimoniale. Le 5 avril 1972, les instances de la Communauté française se basant sur l’avis d’un panel d’experts ont reconnu l’intérêt particulier de cet immeuble en le classant comme monument « en raison de sa valeur artistique ». Dès lors, si des choix dans la politique d’investissement patrimonial de la Ville de Thuin doivent être posés, il est logique de privilégier les sites les plus remarquables;
• une zone protégée. Des remparts du Nord aux pieds des Jardins suspendus, cette aire a été consacrée, le 13 décembre 1976, par les autorités nationales devenues régionales comme une zone protégée dans laquelle s’applique un règlement général sur les bâtisses. Ceci témoigne du caractère exceptionnel de cette portion du centre-ville de Thuin, caractère auquel contribue la chapelle;
• une structure médiévale. Une large part du parcellaire urbain de la ville-haute a été hérité du Moyen-Âge. La démolition de la chapelle est de nature à porter atteinte à cette structure et amoindrir la trame urbaine et médiévale;
• le développement touristique. Depuis plus de deux décennies, le pouvoir communal s’est engagé dans une politique dynamique de développement du tourisme en Thudinie. L’absence de rénovation du bâtiment ayant appartenu aux Sœurs grises ou, pire, sa possible disparition à moyen terme entre en contradiction flagrante avec la stratégie touristique de l’entité;
• la rénovation urbaine. Conscient de la décrépitude de cette partie de la ville, les autorités thudiniennes ont décidé d’actionner l’outil appelé « rénovation urbaine » (art. 173 du C.W.A.T.U.P.E.) qui vise à donner un nouveau souffle au territoire concerné, notamment, en y réhabilitant du logement, créant des espaces verts, améliorant des bâtiments destinés aux commerces ou à des activités de service. La rénovation de la Chapelle des Sœurs grises entre parfaitement en résonnance avec l’opération de rénovation urbaine;
• la restauration du patrimoine. Via les fonds européens, le Beffroi et une partie des Jardins suspendus ont pu être restaurés. La place du Chapitre a été réaménagée grâce à une opération de revitalisation urbaine (art. 172 du C.W.A.T.U.P.E.). L’Hôtel de Ville a également connu une renaissance. La régénération de la chapelle viendra compléter et renforcer cet effort de renouveau du patrimoine dans la partie médiévale de la ville.

La rénovation du bâtiment n’est que le premier pas d’un projet plus vaste puisqu’il est primordial de lui trouver une ou plusieurs affectations nouvelles en vue d’éviter l’écueil d’une nouvelle dégradation rapide en cas d’inoccupation.

Afin de poser quelques jalons dans cette réflexion, nous nous permettons d’ores et déjà d’évoquer quelques idées glanées de ci de là :
• l’hébergement d’un musée d’histoire régionale géré par le Cercle d’Histoire et d’Art de Thudinie (C.H.A.T.) ainsi qu’un éventuel regroupement de ses archives;
• la création d’une salle d’exposition qui fait cruellement défaut en Thudinie. Elle serait ouverte aux expositions temporaires du C.H.A.T. et à toute autre association telle que, par exemple, celle des Artistes de Thudinie;
• l’entreposage des archives communales;
• l’utilisation de certains espaces pour les activités de l’Institut Notre-Dame de Thuin.

Ces propositions sont issues d’une première réflexion qui mérite d’être enrichie et affinée. La porte demeure ouverte à toute autre idée.

La diversité de ces affectations est devenue possible suite à la dégradation regrettable de l’intérieure de la chapelle et à la création prochaine du futur parking paysager sur une partie de site précédemment utilisé par la section primaire et maternelle de l’Athénée royal de Thuin.

En résumé, nous demandons que :
• les travaux de sauvegarde, aujourd’hui en cours, ne démontent que le strict minimum de l’édifice c’est-à-dire que le fronton soit consolidé et que le clocheton demeure en place. Tant leur état que les techniques contemporaines poussent à croire que leur démontage n’est pas justifié. De plus, nous craignons que, si celui-ci devait néanmoins avoir lieu, que certains éléments se perdent ou soient irrémédiablement endommagés dans l’attente d’une rénovation;
• l’ensemble des forces politiques fasse savoir à Monsieur le Ministre Henry que la reconnaissance de la Chapelle des Sœurs grises est la priorité absolue des acteurs locaux;
• la rénovation de l’enveloppe extérieure soit rapidement suivie d’un aménagement intérieur et d’une occupation des lieux.

Dès aujourd’hui, dans l’objectif de créer une dynamique positive et une vigilance de tous les instants par rapport à cet édifice exceptionnel du patrimoine thudinien, nous nous arrogeons le droit de conscientiser et de mobiliser divers acteurs-clés de la vie communale, des associations et de multiples personnes attachées au devenir de notre bonne ville de Thuin.

En espérant que vous conviendrez de la justesse de nos propos et de nos actions, nous restons à votre disposition pour toute explication complémentaire et vous prions d’agréer nos salutations distinguées.


Nicolas Mairy                                                                                                        François Joye